CARNET DE TERRAIN #1

Dans le cadre de sa première année de master, Justine a pu travailler dans le New South Wales, au Sud-est de Sydney, sur les koalas.
L’occasion pour partager une journée de terrain car si les jours passent et ne se ressemblent pas, il y a quand même une routine qui s’installe! Tous les koalas que vous verrez sont sauvages, trouvés au détour d’un eucalyptus dans le bush australien !

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Salut toi, petit marsupial pas très discret

2h30 : Le réveil sonne
Lorsque la majorité des gens vont se coucher, ou le sont déjà depuis longtemps, moi, je me lève. Pratique pour ceux qui aiment enchaîner soirée et journée de boulot. Il faut enfiler ses collants et son pantalon de terrain pour faire face à la morsure lente du froid australien. Ce n’est pas un secret, en Australie, il fait froid. Il faut ensuite se chausser de ses magnifiques boots de randonnées : pas question de s’habiller talons-tailleur pour aller marcher dans le bush ! Petit déjeuné avalé en cinq minutes, et on grimpe dans la voiture.

3h15 : Départ vers le lieu d’échantillonnage
On roule au milieu de de la nuit dans l’espoir de ne pas croiser de wallaby. La radio passe un titre des Kings of Leon, on ouvre un peu plus les yeux. On ouvre la fenêtre et la fraîcheur du matin nous réveille. La journée ne fait que commencer et le jour n’est même pas levé.

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Le bush, la Lune, la nuit, les koalas

4h : Meeting avec tout le monde
Volontaires, chargé de projet, contractuels. Bon ne croyez pas que 25 personnes sont présentes, nous sommes 6. Hier nous étions 5, aujourd’hui un nouveau volontaire s’est ajouté à la troupe. En même temps, qui a envie de marcher dans le bush à 4h du matin ?

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Et traverser des barrières alors que l’aube se profile au loin

On débriefe rapidement sur les zones à échantillonner, comment, etc. Ça définit les 4h à suivre pendant lesquelles on cherchera les koalas. Le spotlighting commence, la longue chasse au petit marsupial gris. En suivant les chemins de randonnée, on parcourt suffisamment de distance pour s’enfoncer au coeur de la forêt. Ensuite, on se sépare pour couvrir plus de surface et on éclaire les arbres dans l’espoir de trouver un petit koala.

6h15 : Au détour d’un chemin, à la frontière entre nuit et jour, entre deux branches, il est là !
On en a enfin trouvé un! Le jour se lève à peine, sur cette douce fourrure grise. On essaie de mieux l’apercevoir avec torche et jumelles, afin de déterminer s’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle, car à cette période de l’année, les femelles ont leurs jeunes dans leur poche, et on ne veut pas les déranger. On appelle tout le monde pour les prévenir qu’on a trouvé un koala. Commence ensuite la « koala watch » : même si les koalas ont leur pic d’activité entre 22h et 2h du matin, à 6h il peut toujours avoir envie de changer d’arbre, alors il faut le surveiller. En effet le vétérinaire arrive à 8h, ce qui nous laisse presque deux heures avant son arrivée. On se sépare une fois de plus par tranche de 30 minutes : l’un reste près du koala mais en gardant une distance raisonnable pour ne pas le déranger, l’autre retournant à la chasse au koala !

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A 6h30, il fait déjà presque jour

8h : Rendez-vous avec le vétérinaire 
Les autres teams n’ont pas trouvé d’autre koalas alors c’est sur notre site d’échantillonnage que le vétérinaire arrive, avec tout le monde. Pendant ce temps, on prend un point GPS sous le koala : utile pour ensuite tout compiler et avoir une idée de leur répartition. Le koala-catcher (eh oui, attraper de koalas est un métier en Australie, ne soyez pas jaloux) enfile son baudrier et commence à grimper dans l’arbre. Arrivé quelques mètres en dessous du koala, et commence la délicate manoeuvre : utiliser des drapeaux afin de le faire descendre sans le toucher, afin de la faire rentrer dans un sac en toile. La manœuvre est difficile car le koala n’a pas vraiment envie d’être attrapé, c’est un animal sauvage pas un koala de zoo qu’on peut puddler (faire des gâtés comme on dirait dans le sud huhu!). Le koala grogne quand il comprend ce qui se passe, mais descend le long du tronc. Arrivé en bas, on se dépêche de le faire rentrer dans le sac en toile, et hop, c’est bon!

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Le koala-catcher grimpe dans l’arbre et s’apprête à attraper un petit koala

9h: S’occuper du koala
Le vétérinaire anesthésie le koala qui est déjà plus calme que dans l’arbre.
Quelques minutes plus tard, le koala dort. On le pèse, on le regarde : c’est un mâle, c’est sûr! On doit lui donner un nom : ce sera Gendry (des fans de Game of Thrones dans la salle?). C’est également là qu’on réalise les prélèvements : yeux et conduit génital pour les maladies, oreilles pour les analyses ADN. On lui pose des tags aux oreilles pour l’identifier à l’aide de couleurs et numéros à 3 chiffres, une puce électronique dans le cas ou le koala finirait chez un vétérinaire (généralement frappés par des voitures..).
Enfin, on lui pose le collier GPS. Toutes ces manipulations serviront à l’étude : mieux connaître les koalas pour mieux les protéger!

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Des griffes plutôt acérées

11h : Release
Le koala se remet tranquillement de son anesthésie, il est calme mais réveillé.
On le relâche au pied de l’arbre dans lequel on l’a trouvé, et il grimpe dessus. Le matériel est rangé, on fait une pause goûter. Je mange une pomme,  comme tous les jours à tous les repas depuis que je suis arrivée ici (et des carottes, ça rend aimable). Ensuite on repart à la chasse au koala ! De jour cette fois, il faut trouver les koalas grâce à leur forme dans les arbres, leur fourrure grise étant beaucoup moins éclatant qu’à la lumière d’une torche.

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Farewell, Gendry !
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Défi : trouver le koala !

14h : On a pas trouvé autre koala, après 3h de recherche on arrête.
Cette fois, pas trop de chance, un seul koala trouvé, mais parfois on en trouve trois dans la même journée! On monte dans notre carosse en route pour la maison.

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Le joli bush australien

15h : On rentre à la maison
On arrive,j’enlève mes chaussures, je saute dans la douche, et tout de suite après, dans mon lit !

18h : Je me réveille
Avec l’impression que ma journée dure depuis une semaine. J’ouvre mon ordi, et je rédige une partie de ma revue bibliographique sur les koalas, la chlamydia, tout ces sujets merveilleux. Je dîne avec ma famille australienne qui trouve les horaires dingues (oui, moi aussi)…On discute de la France et de l’Australie. Le soleil se couche lentement sur ma campagne,

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et la fin de la journée arrive enfin.

20h : Je vais me coucher pour la deuxième fois
Je mets mon réveil : 6h30 de sommeil. J’espère qu’on trouvera des koalas demain. Je m’endors en pensant à eux, je dois surement même en rêver ..

Voilà ! C’est à peu près comment se passe une journée de terrain en ce qui concernes la première partie du projet, c’est à dire « attraper les koalas et leur mettre les colliers GPS et VHF ». Cette phase a duré trois semaines, on se retrouve bientôt pour une deuxième journée avec moi, mais pour la partie radio-tracking cette fois !

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